Julie Peiffer

La grande confiance des nuages
Portfolio
La grande confiance des nuages
Julie Peiffer, 2023-2025
La grande confiance des nuages est une traversée du paysage autant qu’une plongée dans les plis du corps et de la mémoire.
La série s’organise en trois séquences : d’abord la présence, en mouvement ou en retrait ; puis un glissement vers un espace plus organique, plus intérieur, où l’œil, la peau et le souvenir s’entrelacent ; enfin un effacement progressif, dans la pierre, l’eau, le flou, sans résistance.
Ces images ne racontent pas, elles déposent.
Elles avancent à hauteur de souffle, dans une attention aux matières, aux dissonances, aux contours incertains.
Ce qui m’intéresse ici, ce n’est pas tant la représentation du corps que son passage, ce qu’il laisse dans le paysage, ce qu’il emporte en disparaissant.
Je travaille par déplacements : du dehors vers le dedans, de la mémoire vers la matière, de la netteté vers l’effacement.
Chaque image tente de capter un état transitoire, fragile, qui échappe à la narration mais insiste autrement, par une lumière, une texture, un trouble.



Une densité. Un appel. Un basculement.
Des lignes tranchantes.
Des formes à demi-nées.
Pas de récit. Pas de scène.
Un état.
Une traversée.
Une vérité pelée.



Ce que je nie me soumet.
Comprendre intensément de quoi je suis fabriquée.
Fabriquée de mon enfance.
De ces maisons brisées.
À ton désir de chute, j’aurai finalement répondu par un envol.



Dans la souplesse d’accueil de toutes les possibilités.
Se former et se donner forme, dans un engagement sans esquive.
Partir du corps. Comme territoire d’expérience.
Brute, opaque, parfois informe, toujours vivante.



Et… laisser monter la tendresse, cet espace où s’équilibrent force et douceur, puissance et attention.
De ce que mon corps sait de moi.
Ressentir ma douleur, exprimer l’intensité en clarté, les énergies contenues, les élans contrariés, la déchirure en forme, la violence en langage.
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Je photographie comme on tire.
Arc tendu, cœur visé, vertige contenu.
La cible est mouvante.
Tant mieux.
Regarde, c’est là l’identité, la mémoire, la vérité.
Pas net, pas flou, les pressions, les dominations, les silences pleins.
Dans la boue, dans les nerfs, dans les os.
Ça résiste. Ça tremble. Un battement.
Pas l’oiseau que tu as croisé.
Moi. Ça tient.
Pour, un jour, partir entière.


